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    Les Saints de Glace

    Ce 3 mai 2010 fut assez froid pour la saison avec une température qui ne dépassa pas 7,1°C. La valeur la plus basse de la température maximale observée en mai fut de 5,6°C le 15 mai 1935. En moyenne, les maxima sont de l’ordre de 15 – 16°C ; les extrêmes allant de 5 – 6° à plus de 30°C. Ces coups de froid en mai ont été cristallisés dans la tradition des Saints de Glace. Ceux que la mémoire collective a retenus sont Saint Mamert (le 11 mai), Saint Pancrace (le 12) et Saint Servais (le 13). Mais d’autres saints ont aussi leur dicton hivernal, ainsi : « À la Saint-Honoré (le 16), s’il fait gelée, le vin diminue de moitié. ».

    Le printemps est la saison de transition entre l’hiver et l’été. Si le début de la saison est généralement encore hivernal et la fin estivale, entre les deux on peut connaître les deux types de temps. Ainsi, au mois d’avril, des températures de plus de 25°C (jours d’été) peuvent déjà être relevées comme en ce jour d’été très précoce du 4 avril 1946. En revanche, des jours de gel peuvent encore se produire dans la première moitié de mai. Ainsi à Uccle, on encore eu un jour de gel (température minimale inférieur à 0°C) le 16 mai 1941. Cela contraste énormément avec les Saints de Glace de 1998 qui furent les plus chauds à Uccle depuis 1921. Cette année-là, on enregistra plus de 30°C aux trois dates de ces saints traditionnellement voués à l’hiver.

    La mémoire populaire a associé ces retours sporadiques de périodes froides (les dernières de la saison ?) au mois de mai. Mais en fait on les a fixé en moyenne aux 11, 12 et 13 mai. On le voit dans les statistiques, on peut avoir des périodes déjà chaudes qui sont suivies de retour d’air froid comme ce fut le cas cette année-ci avec une température qui monta jusqu’à 25,6°C le 29 avril et cinq jours plus tard ne dépassait plus 7,1°C : presqu’une chute de 20°C.

    La cause de ce phénomène se situe dans les situations atmosphériques que l’on peut observer sur notre pays. Les masses d’air qui déterminent le plus souvent notre temps sont associées à des dépressions en évolution depuis l’océan Atlantique vers l’Europe de l’Est. Au cours de ce déplacement, nos régions sont successivement soumises à des masses qui viennent du sud puis qui sont remplacées par des masses d’air venant du nord. Les régions tropicales sont caractérisées par un climat qui ne connaît pas de grandes amplitudes saisonnières de températures. La combinaison de ces masses d’air et en cas de ciel serein, d’un apport de plus en plus important d’énergie avec le Soleil qui monte de plus en plus haut dans notre ciel, permet aux températures d’atteindre dans les cas les plus favorables des températures de plus de 25°C en avril et bien entendu en mai. Mais, lorsque la masse d’air qui vient des régions méridionales est remplacée par des masses d’air qui viennent du nord de l’Europe, la température peut chuter de façon remarquable. Issues de régions qui sortent à peine de l’hiver, ces masses d’air peuvent donc encore être très froides. Dans le cas de cette année, la masse d’air tropicale qui déterminait notre temps à la fin du mois d’avril a été remplacée par de l’air polaire venant du cercle polaire suite au développement d’un anticyclone qui s’étirait depuis l’Ouest de l’Irlande jusqu’en Islande. Le contraste fut particulièrement spectaculaire en France où la température chuta localement de plus de 20°C notamment à Toulouse. Comme des zones de précipitations accompagnaient cet air froid, des chutes de neige se produisirent même à des altitudes relativement basses. À Uccle, en 1986, on a eu 4 jours de neige en mai et 3 en 1979.

    Les Saints de Glace se situent une septantaine de jours après le début du printemps météorologique ; on a le même écart temporel avec l’été de la Saint Martin (le 11 novembre) et le début de l’automne météorologique. Le mécanisme est le même sauf qu’après avoir connu des périodes qui annoncent l’hiver, le retour de masses d’air venant du sud ramène une chaleur rappelant l’été.