Archives mensuelles : décembre 2006
Quelques faits météorologiques marquants de 2006
En cette période de fait d’année, c’est la tradition de faire des bilans et de rappeler quelques événements qui se sont manifestés au cours de l’année. Le bilan chiffré a déjà était présenté ; voici quelques faits marquants de 2006.
Si le printemps météorologique commence officiellement le premier mars, les conditions hivernales se sont prolongées jusqu’au début de la dernière décade de mars. Début mars on avait encore 7 cm de neige à Uccle et dans certaines régions du pays, de la neige a couvert le sol jusqu’au 19. Beaucoup attendait le retour de conditions plus chaudes avec impatience.
La chaleur est revenue et elle a également marqué cette année par des excès : deux « vagues de chaleurs » à Uccle, l’une en juin, la plus longue en juillet avec comme conséquence un mois de juillet très chaud : depuis 1833 c’est le mois le plus chaud, tous les mois confondus. Mais c’est l’automne qui a la palme avec un record des plus mémorables ! Il bat le précédent record, qui datait de 2005, de 1,6°C. Ce saut sort vraiment de l’ordinaire.
L’été restera aussi dans la mémoire des gens suite au contraste que l’on a connu entre le mois de juillet et d’août. Autant juillet fut chaud, ensoleillé et relativement sec, août fut relativement frais, sombre et pluvieux.
Plusieurs régions du pays ont été touchées par des orages assez violents. Certains étaient accompagnés de pluies très intenses tel celui du 28 juillet qui a mis sous eau la station de métro de Roodebeek à Bruxelles. On avait cette image étonnante de l’eau qui descendait les escalators en cascade. Le littoral a également connu un orage accompagné d’une quantité assez surprenante de grêle. L’épaisseur de la couche des grelons était telle qu’on aurait pu se croire en hiver (voir les photos).
On a dénombré un nombre important de tornades dans le pays. À l’heure actuelle on en a noté 10. Celle qui a été la plus spectaculaire fut celle de Braine le Comte le premier octobre. Quelques photos ici
– Marc Vandiepenbeeck
Noël blanc or not ? That is the question !
Chaque année, la même question revient début décembre : va-t-on avoir un Noël blanc cette année ? Actuellement (le 14/12/2006) la réponse est probablement négative ! Les prévisions à moyen terme donnent une très faible probabilité de chance d’avoir un Noël blanc cette année, même en Ardenne. En effet, d’après les premières cartes fournies par le Centre Européen de Prévisions à Moyen Terme situé à Reading près de Londres, c’est une situation anticyclonique que l’on connaîtrait fin de la semaine prochaine. Tel que l’anticyclone serait placé, nous serions dans des courants d’ouest qui n’amèneront pas de froidure ni de précipitations. Une prévision à aussi longue échéance a une fiabilité relativement faible et il faudra bien entendu attendre quelques jours pour que cela se précise.
Point de vue historique et statistique.
Nous disposons d’une série de mesures de l’épaisseur de neige depuis 1889 à Uccle, mesure faite le matin à 8 h. Depuis cette année-là, une épaisseur de neige supérieure ou égale à 1 cm ne s’est produite que 9 fois le 25 décembre ! 9 fois en 117 ans : cela nous donne en moyenne une fois tous les 13 ans. Mais l’observation nous montre que ces derniers temps c’est devenu moins fréquent. En effet les années sont (avec l’épaisseur de la couche de neige en cm entre parenthèses) : 1906 (12), 1913 (7), 1917 (6), 1918 (2), 1923 (2), 1938 (7), 1950(8), 1964(17) et 1986 (1,4). D’autres années, nous avions des traces de neige c’est-à-dire une neige qui ne couvre pas ou plus le sol de manière continue : ce genre d’observation a eu lieu en 1925, 1933, 1956, 1962, 1963, 1976 et 2000. Ce qui ramène les chances de voir de la neige au sol le matin du 25 décembre à une fois tous les 7 ans.
Les conditions climatiques ne sont pas toutes les mêmes en Belgique et le point culminant de notre pays (Botrange, 694 m d’altitude) connaît du fait de l’altitude des conditions plus fraîches que le centre du pays. Cela change bien entendu les probabilités de voir de la neige au sol à Noël. Ainsi la dernière fois que le sol y était recouvert de neige date de 2003. À Elsenborn, l’épaisseur de neige y était de 7 cm.
Et nouvel An blanc ?
Assez curieusement, malgré une semaine d’écart, on peut voir plus fréquemment de la neige au sol à Uccle. Depuis 1889, on a eu une épaisseur de la couche neige supérieure à 1 cm 14 fois soit une fréquence d’une fois tous les 8 ans en moyenne. Les deux dernières fois sont 1997 avec 2 cm de neige et 2002 avec 5,5 cm. À cela, s’ajoutent encore 11 années où nous avions des traces de neige au sol le matin du premier janvier. On a donc des chances de voir de la neige à Nouvel An une fois tous les 4 ans.
– Marc Vandiepenbeeck
Le jour d’après
Ce jeudi 7 décembre RTL-TVI diffusait « Le jour d’après ». C’est une fiction de la catégorie film catastrophe. Comme beaucoup de ces films (« Pic de Dante », « Tremblement de terre », « Armageddon », « Twister »…) il y a un fond de vérité, mais très vite ce genre de film dérive dans des excès cinématographiques. Le scénario du film se base sur l’hypothèse de l’arrêt du « tapis roulant » (« conveyor belt » en anglais). Ce tapis roulant consiste en la circulation marine dont fait partie le Gulf Stream et la dérive Nord Atlantique. La fonte d’une importante partie du glacier qui couvre le Groenland amènerai une grande quantité d’eau douce dans le nord du bassin Atlantique. Cette eau douce, moins salée, ne se mélange pas facilement avec l’eau salée. La conséquence est la disparition de la dérive Nord Atlantique et la douceur qu’elle apporte en Europe occidentale.
Dans le film, le climatologue Jack Hall a prédit l’arrivée d’une autre période très froide, mais il ne pensait pas que cela se produirait de son vivant. Un changement climatique imprévu et violent à l’échelle mondiale entraîne à travers toute la planète de gigantesques catastrophes : inondations, grêle, tornades et vagues de froid. Il faut convaincre le Président des États-Unis d’évacuer le pays pour sauver des millions de personnes en danger. À New York, où la température est inférieure à – 20° C, Jack entreprend une périlleuse course contre la montre pour sauver son fils qui est coincer dans la ville.
Avant toute chose, c’est un divertissement. Mais c’est dommage qu’il soit poussé à l’extrême. Un exemple : à un moment donné une météorologiste dit que la chute de la température est de 5°C par seconde. Cela entraîne que l’on atteindrait le zéro absolu en moins d’une minute ! Je m’étonne que les conseillers scientifiques n’aient pas relevé cette anomalie. On y montre aussi des ouragans dans des régions où ils ne peuvent pas se développer.
Bref un film à ne pas prendre pour argent comptant, mais dont il faudra cependant en tirer la conclusion suivante : nos activités industrielles ne sont pas sans conséquence sur la composition chimique de l’atmosphère. Cette modification n’est pas sans conséquence sur le climat, notre santé, la qualité de notre nourriture, etc. Une action contre notre pollution ne serait que salutaire pour l’humanité.
– Marc Vandiepenbeek
Bilan de l’année climatologique 2006 à Uccle
Cette année climatologique 2005-2006 – l’année climatologique va du premier décembre au 30 novembre – fut particulièrement remarquable par le nombre de records de la température moyenne à Uccle que l’on a battus. Le plus spectaculaire fut le record de l’automne : les paramètres statistiques de la série nous donnent une période de retour supérieure à 500 ans. L’insolation a connu des déficits remarquables en février et août et un excès important en juillet. La pluviosité a été particulièrement abondante au cours du mois d’août. C’est la cinquième année climatologique la plus chaude depuis 1833.
Automne 2006 : nouveau record de chaleur
Après juillet, septembre et la deuxième place du mois d’octobre, l’automne vient compléter logiquement la liste des records de cette curieuse année 2006.
L’automne 2006 a été très exceptionnellement doux en raison de trois facteurs ayant chacun une importance équivalente. Le premier relève du réchauffement global de la Terre. Ce réchauffement a pour conséquence qu’à présent la température moyenne se situe presque 1°C au-dessus de ce qu’elle était il y a trente ans. Il en résulte un effet particulièrement marqué sur la probabilité d’extrêmes de chaleur, dans laquelle devient dix fois plus grande la chance d’avoir une température record comme celle de cette année.
Le deuxième facteur est à trouver dans le caractère exceptionnel que nous avons eu, pendant presque toute la saison, de vents orientés dans le secteur sud entraînant de l’air doux vers notre pays. Septembre a également été plus ensoleillé que la normale, mais octobre, malgré un excès important de la température, est légèrement déficitaire en insolation. C’est donc bien un excès de température lié à l’origine méridionale des masses d’air.
Le troisième facteur réside dans un effet de « séquelle » de l’été. Juillet a été à ce point chaud que, même en septembre, la Mer du Nord était encore nettement plus chaude que la normale, et que la présence de cet été chaud se faisait toujours sentir également dans notre pays.
Si on examine le degré d’anomalie de cette température en tenant compte du réchauffement climatique, il reste établi qu’il s’agit d’un automne très exceptionnel. Sa période de retour dépasse 500 ans, pour autant que le vent du sud, l’insolation et les autres facteurs encore inexpliqués ne fassent pas partie intégrante de ce réchauffement lui-même. On notera que cette période de retour n’est qu’une estimation, la série de données disponibles ne comportant pas 500 ans mais seulement 174 ans.
Au début de cet article, il est précisé que c’est logiquement que l’on a battu le record de l’automne. En effet, l’automne météorologique est la moyenne des mois de septembre, octobre et novembre. Septembre ayant battu le record de chaleur et octobre pouvant être considéré comme un sous-record, on avait dès lors toutes les chances de battre le record de chaleur cet automne.
– Marc Vandiepenbeeck