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    Archives mensuelles : avril 2008

    Avril 2008 : tout en contraste avec 2007

    Il est toujours hasardeux de faire un bilan du mois avant qu’il ne soit terminé. Souvent le paramètre le plus critique est la pluie qui peut donner des quantités très différentes de celles prévues par les modèles ou selon le type de précipitations. Les averses locales sont susceptibles de donner des quantités d’eau très importantes  surtout si elles ont un caractère orageux.

    On peut sans se tromper conclure que ce mois d’avril n’aura pas été à l’image de celui de l’année passée qui était hors norme. Il avait pratiquement battu tous les records des différents paramètres météorologiques qui caractérisent un mois. Cette année, il ne sortira pas des normes pour un mois d’avril. La température vient juste de passer au-dessus de la normale qui est de 9,0°C. Et elle restera très proche de cette valeur. L’ensoleillement actuel est légèrement déficitaire, et même si le soleil ne brillait pas ces deux derniers jours du mois ou brillait au maximum de la durée possible de cette fin de mois, on resterait en dessous de la moyenne mais dans la norme d’un mois d’avril. Cette norme est comprise entre 119 et 197 h de soleil.

    La pluie est actuellement déficitaire. Si on considère les prévisions des deux derniers jours, on devrait encore relever une dizaine de litres d’eau au mètre carré. Ce qui ferait un total des précipitations légèrement inférieur à la norme qui est de 53,1 mm (ou l/m² ce qui est équivalent). Des pluies sont annoncées pour aujourd’hui et demain. On devrait dès lors avoir 14 jours où les précipitations recueillies sont supérieures à 0,1 mm, seuil des précipitations mesurables. La normales étant de 17 jours de pluie pour un mois d’avril, ce mois-ci restera en dessous de cette valeur et sera aussi caractérisé de normal.

    Pour mémoire le tableau fourni les valeurs de l’année précédente, une estimation des valeurs de cette année et las normales correspondantes :

     

    Avril 2007

    Avril 2008 (probable)

    Normales

    Températures moyenne

    14,3°C

    9,3°C

    9,0°C

    Insolation

    284,2 h

    137 h

    158 h

    < p align="center">Précipitations

    0 mm

    48 mm

    53,1 mm

    Jours de pluie

    0 d

    14 d

    17 d

     

    Les inondations : Les facteurs aggravants (4)

    Modifications de l’environnement

    Les modifications de l’environnement sont nombreuses et la plupart du temps ne tiennent pas compte de la nature. Ces changements sont souvent des facteurs aggravant les inondations.

    Le premier cas est la modification du cours d’eau. Cela peut se faire de plusieurs façons :

    §         On canalise une rivière. Cela provoque une diminution des inondations là où le travail a été réalisé, mais l’eau s’écoule plus vite vers l’aval ce qui peut provoquer des débordements plus importants et/ou plus fréquents lorsque le cours d’eau reprend son cadre naturel.

    §         Dans le même ordre d’idée, une modification de son trajet peut avoir les mêmes conséquences. Ainsi si l’on redresse un méandre, l’eau qui était freinée par les virages successifs de la rivière va s’écouler plus rapidement vers l’aval. Ce fut la principale cause de la crue de la Borne qui a dévasté le camping du Grand- Bornand en Haute-Savoie où on dénombra 23 morts le 14 juillet 1987.

    Une autre cause d’aggravation des inondations est la suppression des haies. Dans les bocages, on supprime les haies pour augmenter les surfaces cultivables et permettre une manœuvre plus aisée des engins agricoles. Les haies ont une fonction de ralentissement de l’écoulement de l’eau ce qui permet en même temps une infiltration de l’eau dans le sol via les racines des plantes qui composent la haie.

    La suppression d’arbres et surtout de grandes surfaces boisées peuvent conduire également à une augmentation de la fréquence des crues. Cet effet sera surtout important en été. En effet, durant la période de végétation active, les arbres sont couverts de feuilles. Les premières gouttes de pluie abordent le sommet de la canopée. Elles commencent par mouiller les feuilles qui la composent, puis, elles se mettent à ruisseler vers les feuilles situées en dessous de la canopée. Une fois ces feuilles mouillées, l’eau ruisselle vers les feuilles suivantes et ainsi de suite jusqu’au sol. Deux effets se sont produits : d’abord le mouillage qui va monopoliser une bonne partie de l’eau qui arrive sur le feuillage, et ensuite, la vitesse des gouttes d’eau qui est fortement diminuée lorsque ces gouttes arrivent au sol. Dans une espace non boisé et surtout sur un sol nu, les gouttes arrivent au sol avec une certaine vitesse qui dépend de la taille des gouttes. En percutant ainsi le sol, les gouttes d’eau le tassent et le rendent moins perméable à l’infiltration d’eau dans le sol ce qui va favoriser un écoulement rapide vers le cours d’eau.

    Question de temps

    Le printemps n’est pas arrivé, il est déjà là

    Avec une « amélioration » du temps, on entend dire que le printemps est arrivé ! Mais voilà, météorologiquement parlant, on est déjà au printemps depuis le premier mars et du point de vue astronomique, nous y sommes depuis le 20 mars.

    Alors pourquoi dit-on que le printemps est arrivé ? Dans l’esprit des gens, le « printemps » correspond à un type de temps bien précis. Or au cours du printemps, saison de transition entre l’hiver et l’été, nous pouvons connaître quasiment toutes les conditions météorologiques possibles. L’épisode neigeux que l’on a vécu au cours de la dernière décade de mars n’a rien de particulier. On peut même encore observer des chutes de neige dans toutes les régions du pays en mai voire même de la neige au sol en Ardenne comme les 11 cm de neige notés le 14 mai 1902 à La Roche en Ardenne ou plus près de nous 12 cm à Mont Rigi le 3 mai 1979.

    Des extrêmes opposés peuvent être enregistrés au cours des mêmes périodes calendrier. Ainsi le 4 mars 1987, on notait –16,2°C à Bütgenbach alors que le 5 mars 1948, la température atteignait 21,4°C à Rochefort. Il en est de même plus tard dans la saison : le 9 mai 1938, on relevait –1,4°C à Ostende alors qu’au cours des Saints de Glace 1998, on connaissait une vague de chaleur[1] très précoce.

    Si tout le mois d’avril 2007 n’a pas vu une seule goutte d’eau à Uccle, en revanche pendant la dernière décade de mars 1986 ou la première décade de mai 1978, le total de l’eau recueillie atteignait presque 100 mm.

    De même si le Soleil peut briller de tous ses feux comme en 1893 où le total des heures d’insolation a été de 643,0 h, en 1983, ce même total atteignait difficilement 273,1 h.

    On constate que le « printemps » n’est pas un type de temps mais peut connaître aussi bien des conditions hivernales qu’estivales. On devrait plutôt dire à propos des conditions que nous allons connaître les prochains jours que l’été a envie de montrer le bout de son nez.



    [1] Une vague de chaleur correspond à une période d’au minimum 5 jours consécutifs avec des maxima supérieurs ou égal à 25°C et au cours de laquelle on égale ou dépasse 30°C au moins 3 fois.

    Extraordinaires média !

    De la neige en avril

    f63b3da1a0f9a259ad259088537934a9.jpgVoilà qu’il neige en avril dans les Fagnes ! Quand j’écoutais les informations hier, on présentait cela comme si c’était extraordinaire. Et bien entendu la ritournelle habituelle sortait : « Il n’y a plus de saison ! » (voir l’article dans La Libre : http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=414872 ou le journal de RTL : http://rtlinfo.alinfini.be/index.php?option=com_vpl_videoplayer&task=play&mmo=31035 ).

    Lorsqu’on a fait un bilan non exhaustif des événements marquants du 20ème siècle (http://www.meteo.be/meteo/view/fr/1078912-Evenements+marquants+depuis+1901.html), on dénombre au moins 103 cas de chutes de neige ou de neige au sol en Belgique en avril, mai ou même en juin. Je ne peux citer toutes les années où cela s’est produit. Citons cependant 1999 : cette année-là, on notait une épaisseur de neige de 15 cm au signal de Botrange et 18 cm à Saint-Hubert. Ce n’était qu’il y a 9 ans !

    La couche de neige la plus remarquable fut celle du 5 avril 1975 : la couche de neige a été épaisse de 55 cm à Botrange. On signalait que cette année 1975, l’hiver  avait été pauvre en neige. Un peu comme cette année. Le 3 mai 1979, on observait des chutes de neige sur tout le pays et la couche de neige a atteint 12 cm à Mont-Rigi près du signal de Botrange. On observe encore des chutes de neige en juin en Ardenne, la dernière fois ce fut le 4 juin 1991.

    Une étude réalisée par R. Sneyers en 1967 (Les propriétés statistiques de l’enneigement du sol en Belgique) montrait qu’à 700 m d’altitude, la date moyenne du denier enneigement était le 2 avril et que l’on pouvait encore considérer comme normal de la neige au sol le 14 avril. Ce fut le cas hier !

    Les inondations : Les facteurs aggravants (3)

    Construction dans le lit majeur des cours d’eau

    Une des raisons les plus évidentes d’inondations réside dans la construction dans le lit majeur d’une rivière. Et pourtant cette pratique est extrêmement fréquemment réalisée. D’une manière générale, la construction dans des régions inondables se fait depuis longtemps. L’exemple de Lutèce, dont les premiers habitats se trouvaient sur l’île comme évoqué dans le « PLAN DE SECOURS SPECIALISE INONDATIONS ZONAL, Description du risque crues – TOME 1» : « De mémoire d’homme les crues ont toujours fait partie de l’histoire de Lutèce puis de celle de Paris ».

    Cette tradition de bâtir le long des cours d’eau est très ancienne car les cours d’eau étaient des voies de circulation très pratiques. Outre le transport, les rivières permettaient de s’alimenter en eau et en nourriture.

     

    Certaines inondations étaient attendues comme une bénédiction du ciel ! Les crues du Nil, en recouvrant les champs d’un limon noir, venaient enrichir le sol. Lorsque les crues étaient faibles, le sol n’était pas régénéré et les rendements agricoles mauvais, ce qui signifiait une famine. Dans l’Égypte ancienne, cette région inondable n’était réservée qu’à l’agriculture et non à l’habitat.

    Mars 2008 : un record de pluie

    Onze mois après le fameux mois d’avril 2007 au cours duquel aucune goutte de pluie n’a été observée à Uccle, mars 2008 bat un record diamétralement opposé : celui du mois de mars le plus pluvieux. Avec 140,5 mm, il dépasse le précédent record  qui datait de 1988 avec 138,1 mm.

    Deux questions viennent à l’esprit :

    • Quel est la cause de ce record (avec en sous-entendu une allusion au changement de climat) ?
    • Quelles sont les conséquences d’un mois aussi pluvieux ?

    À la première, la réponse se trouve dans la manière dont les masses d’air ont évolué sur notre pays. La plus grande partie du mois a été dominée par une circulation de dépression au nord de notre pays. Quand la masse d’air avait une provenance plus septentrionale elle était accompagnée de pluie ou de neige. Cette situation, que nous connaissons régulièrement dans notre pays et qui n’a rien de particulier, est l’origine de longs épisodes pluvieux et de mois records comme celui-ci. Une liste de ces épisodes serait facétieuse et certes trop longue pour être énumérée. Retenons les mois de décembre 1993 ou de janvier 1995 ou encore entre le 21 juin et le 20 juillet 1980, périodes au cours desquelles on a eu une quantité d’eau de plus de 243 mm en 30 jours à Uccle. Ce genre de situation est lié à la circulation générale et on ne peut y voir la marque du changement de climat.

     

    La seconde question n’est pas de mon ressort. Je peux cependant dire qu’une telle situation n’est pas à 100% négative. Au cours d’un tel mois, la recharge des nappes phréatiques est bonne, les sols ont besoin d’eau qui sera utile lors du plein développement de la végétation. Néanmoins les sols et les rivières sont saturés d’eau et si d’aventure les pluies devaient se poursuivre, le risque d’inondation deviendrait grand.

     

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