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    Archives mensuelles : janvier 2008

    Les saisons des inondations

    Les inondations peuvent se produire à n’importe quelle période de l’année. Il y a cependant des nuances à apporter en fonction des régions climatologiques et du régime pluviométrique de cette région. Dans les régions tempérées, les inondations liées aux passages successifs de dépressions se produisent le plus souvent durant la période hivernale (novembre à avril). Mais des situations hivernales peuvent se produire en été. C’est ainsi qu’en Belgique, il a pratiquement plus tous les jours du 9 juin au 20 juillet 1980. À la fin de cette période, il y a eu des débordements de rivières en Ardenne. Beaucoup se souviennent des caravanes qui venaient s’écraser sur les ponts à Han-sur-Lesse. Un épisode analogue a eu lieu en juillet 2003. En été, c’est cependant les orages qui sont la principale cause des crues. Leur caractère local donne des inondations sur une surface relativement réduite, mais elles peuvent être très spectaculaires comme ce fut le cas le 24 août 1987 dans la vallée de la Biesme près de Charleroi.
    Dans les autres régions climatiques, les inondations dépendent fortement du régime des précipitations. Dans le sud de la France et le nord de l’Italie, les inondations les plus importantes ont lieu en automne. L’origine de ces crues sont des épisodes méditerranéens. Des pluies très intenses peuvent donner des quantités très importantes d’eau en très peu de temps comme ce fut le cas à Vaison-la-Romaine en septembre 1992. Des pluies de plus de 200 mm sur le bassin de l’Ouvèze ont provoqué sa crue causant le décès de 37 personnes.

    Les inondations causées par des orages

    Les orages résultent d’une forte instabilité de la masse d’air dans laquelle ils se produisent. Cette instabilité est favorable au déclenchement de la convection thermique entraînant au sein de la masse d’air une ascendance pouvant atteindre plus de 10 km de hauteur. Cette convection peut se produire lors du passage d’un front froid dans l’air chaud qui se retire sous la poussée de l’air froid qui le suit. Elle peut aussi se former lors du passage d’une ligne de grains qui est une discontinuité observée dans l’air instable qui circule autour d’une dépression. Enfin, durant la période estivale, la convection peut être déclenchée par le réchauffement diurne d’une masse d’air instable stagnant dans une zone à faible relief barométrique ou d’origine maritime ou tropicale humide en mouvement vers nos régions.

    Bien que la période la plus favorable va d’avril à septembre , on peut en observer également en hiver.

     

    Une cellule orageuse fait en moyenne une vingtaine de kilomètres de diamètre et, vu l’extension verticale du cumulonimbus, le nuage d’orage peut contenir une très grande quantité d’eau en son sein. Il s’ensuit que les précipitations dans un phénomène orageux peuvent être localement extrêmement intenses. Il n’est pas rare que des centaines de litres d’eau au mètre carré tombent en quelques heures voire moins.

    Ainsi à Foc Foc dans l’île de la Réunion, il est tombé 1853 mm en 24 h en janvier 1966 lors du passage du cyclone tropical Denise. En Belgique, sur la même période de temps, on a relevé 168 mm à Braschaat le 15 septembre 1998 alors qu’en 15 minutes, il est tombé 51,2 mm à Voeren le 5 juillet 1985. Lors de la crue de l’Ouvèze, le 22 septembre 1992 à Vaison-la-Romaine, il est tombé en moins de 4 heures entre 300 et 140 mm en amont de la ville. Fin novembre 2001, un violent orage provoqua des pluies torrentielles causant une inondation catastrophique à Bab el Oued où l’on dénombra plus de 750 morts.

    De telles quantités en un aussi court laps de temps provoquent un ruissellement très important. Le sol n’a pas le temps d’absorber cette eau qui s’accumule rapidement dans les parties les plus basses du relief provoquant le débordement soudain des cours d’eau. Ces crues rapides sont souvent imprévisibles et sont à l’origine de dégâts importants et c’est dans ce type d’inondations que l’on compte le plus grand nombre de victimes.

    Les inondations liées aux dépressions

    Les dépressions sont le résultat de la rencontre de masses d’air chaud venant du Sud et de masses d’air froid issues du Nord et de la rotation de la Terre. L’air froid étant plus dense que l’air chaud, ce dernier va  être repoussé vers le haut. Il faut savoir qu’en physique de l’atmosphère, l’air chaud peut contenir plus de vapeur d’eau que l’air froid. En se refroidissant lors de sa montée vers des altitudes élevées, l’air va se saturer en vapeur d’eau et si la température continue à descendre, la vapeur va se transformer en eau liquide ou solide. Les nuages se forment, puis les gouttes d’eau deviennent suffisamment lourdes pour tomber et créer ainsi des précipitations.

    En général, le passage d’une dépression n’est pas la cause d’inondation. Ce sont soit le passage de plusieurs dépressions sur un court laps de temps, soit une dépression qui reste stationnaire avec comme condition que les masses d’air qui la composent passent régulièrement au-dessus d’un océan ou d’une mer. Dans ces deux situations, les zones de pluie successives commencent par saturer en eau le sol et les rivières. Vient alors un moment où le sol et les rivières n’arrivent plus à contenir les quantités d’eau supplémentaires qui arrivent et c’est la crue. Ce processus se déroule sur plusieurs jours. Des modèles hydrométéorologiques permettent dès lors de prévoir le risque d’inondation en tenant compte des pluies observées, du débit des cours d’eau et des précipitations prévues par les modèles de prévisions.

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    Figure 10 : Précipitations à Uccle. Les encadrés représentent la fourchette des quantités d’eau recueillies dans les différentes stations du réseau belge.

    C’est le passage de plusieurs dépressions qui est à l’origine des inondations de décembre 1993 ou de janvier 1995 en Belgique. Un exemple du deuxième cas date de juillet 2007. Au cours de ce mois, une dépression est restée bloquée sur les îles britanniques, provoquant les plus graves inondations que l’Angleterre ait connues depuis 60 ans.

    Les traînées de condensation des avions

    La vapeur d’eau émise par les moteurs d’avion se condense sous forme de cristaux de glace formant un nuage (artificiel) analogue à un cirrus. Trois facteurs peuvent intervenir dans la formation des traînées d’avion.

    1) La dépression qui se forme au-dessus des ailes de l’avion. Cette baisse de pression provoque une diminution de température qui engendre la condensation de l’humidité présente dans l’atmosphère. Cela provoque la formation de gouttelettes d’eau qui gèlent instantanément. Ce phénomène est peu visible et ne dure pas longtemps.

    2) Les gaz d’échappement des moteurs d’avion contiennent une grande quantité de vapeur d’eau à très haute température. L’air en altitude est très froid et très peu dense. Avec le refroidissement, la vapeur se condense en fins cristaux de glace qui constituent le sillage de l’avion.

    3) A basse altitude, le même phénomène se produit mais au lieu de cristaux de glace, il s’agit de gouttes d’eau. Cette traînée n’est en général pas visible à l’œil mais est observée dans l’infrarouge.

    Leur évolution dans le temps dépend de l’état de l’atmosphère : La durée de vie des sillages varie en fonction de la température et de la teneur en vapeur d’eau de l’atmosphère. Si cette dernière est faible, le sillage se dissipe rapidement. De même son étalement va dépendre de la turbulence de l’atmosphère. Cette dernière peut également être à l’origine d’une dissipation rapide de la traînée. Le vent et/ou la turbulence vont élargir le sillage :il va s’étaler et se diluer dans l’atmosphère pour devenir invisible lorsque la densité des cristaux de glace deviendra trop faible pour constituer une masse suffisamment dense.

    Quelques inondations remarquables (6)

    La Somme en 2001

    Lors de l’importante crue de la Somme, je lisais un Maigret de Simenon. « Maigret et le clochard » a été écrit en 1962. Je lisais à ce moment l’extrait suivant :

    ‑ La Seine reste haute, remarqua Lapointe, qui n’avait encore rien dit.
    C’était vrai. Depuis un mois, c’est à peine s’il cessait parfois de pleuvoir pendant quelques heures et presque chaque soir la télévision montrait des rivières en crue, des villes et des villages où l’eau déferlait dans les rues. Celle de la Seine, jaunâtre, charriait des détritus, des vieilles caisses, des branches d’arbres.

    Je voyais également les reportages dans les journaux télévisés et écrits et j’entendais les nouvelles à la radio. Les discours qui s’y tenaient étaient similaires à ce qu’écrivait Simenon  presque 40 ans plus tôt. Outre les pluies abondantes, d’autres facteurs ont aggravé ces inondations. De plus la durée pendant la quelle les inondations se sont maintenues étaient très inhabituelles ; elles se sont maintenues pendant presque 3 mois de mars à juin.

    Normales saisonnières : Janvier

    Normales saisonnières : Janvier

    Températures maximales 

    decade

    Borne
    inférieure

    Moyenne

    Borne
    supérieure

    1

    1

    5

    9

    2

    1

    5

    10

    3

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    Températures minimales 

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