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    Un ouragan en janvier

    Du 13 au 15 janvier 2016, l’ouragan – Alex – s’est développé au cœur de l’Atlantique Nord. Fait extrêmement rare en janvier ; le précédent cas a été observé du 1 au 6 janvier 1938 ! Alex est né d’une dépression à l’ouest de Canaries.

    Ouragan Alex

    Figure 1 : évolution de l’ouragan Alex (en vert : tempête tropicale et en rouge : ouragan de force 1)

    La condition pour qu’un ouragan se forme est que la température à la surface des eaux des océans Atlantique-Nord et Pacifique Nord-Est excède 26°C sur une certaine profondeur (plus ou moins 200 m). Non seulement ce n’est pas la saison habituelle pour qu’un ouragan comme Alex naisse dans l’Atlantique… mais les conditions ne semblaient même pas réunies sur papier. De quoi surprendre les météorologues de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). La température des eaux au-dessus desquelles Alex s’est formé, notamment, n’est pas habituelle.  

    L’évolution classique d’un ouragan se fait selon la séquence suivante : naissance d’une petite perturbation qui prend son énergie dans l’évaporation de l’eau sous-jacente. Ensuite, en restant située au-dessus de l’eau chaude, elle devient une dépression tropicale. Les masses chargées de vapeur d’eau montent en altitude et se refroidissent. L’énergie acquise par le passage de l’eau liquide en vapeur d’eau se libère et dévient de l’énergie cinétique donnant de la vitesse à la masse d’air. Lorsque la vitesse des vents moyens les plus forts dépasse 64 nœuds (119 km/h), la tempête devient alors un cyclone tropical, appelé ouragan dans le bassin Atlantique.

    « Il est très inhabituel d’avoir un ouragan au-dessus d’eaux qui sont à 20°C », relèvent les météorologues américains. Alors comment a-t-il pu y naître ? La température plus froide que d’habitude en altitude « est vraisemblablement le principal facteur ayant contribué à la transition tropicale et au renforcement d’Alex », ajoutent-ils. L’écart de température entre de l’eau relativement « froide » et de l’air « super froid » à -60°C aurait « apporté l’énergie suffisante pour faire du phénomène un ouragan ». « Ce profil instable a participé à l’intensification et à la tropicalisation du cyclone », renchérit le site spécialisé Keraunos.  

    On peut y voir un lien avec El Niño, qui est particulièrement puissant cette année. En effet, quand un El Niño sévit, toute la structure atmosphérique se décale : une dépression est remplacée par une haute pression et inversement. Là où Alex s’est développé, se trouve habituellement l’anticyclone des Açores. Celui-ci n’étant pas présent, une dépression a pu se développer et se transformer en ouragan en fonction des conditions précitées. En 1938, l’anticyclone des Açores avaient aussi été remplacé par des zones de basses pressions.

     

    En conclusion, nous avons été témoins d’une situation très particulière, hors normes, pour la formation d’un ouragan, mais qui montre que la nature a plus d’un tour dans son sac.

    Ouragan Alex

    Figure 2 L’ouragan Alex en journée du 14 janvier 2016 – MODIS