Perte de glace au Groenland
Selon des chercheurs, l’un des glaciers du Groenland perd cinq milliards de tonnes de glace par an dans l’océan. Aussi inquiétantes soient-elles, ces nouvelles constatations sont étayées par un travail concerté de cartographie de l’évolution des inlandsis effectué par différentes agences spatiales dans le monde.
On estime que l’ensemble du glacier Zachariae Isstrøm (voir situation dans la figure ci-contre), dans le nord-est du Groenland, contient assez d’eau pour faire monter le niveau des océans de plus de 46 cm. Selon Jérémie Mouginot, chercheur à l’Université de Californie à Irvine, «la forme et la dynamique du Zachariae Isstrøm ont radicalement changé ces dernières années. Le glacier se brise en morceaux et l’on assiste au vêlage de gros icebergs qui, en fondant, vont faire monter le niveau des océans au cours des prochaines décennies. »
Etant l’une des premières régions où se manifestent clairement les effets du changement climatique, l’Arctique sert d’indicateur du changement pour le reste du monde. D’où l’importance cruciale d’assurer un suivi détaillé et permanent des glaces polaires.
On ne saurait insister assez sur la nécessité, pour les organismes internationaux, d’unir leurs forces pour étudier des aspects de notre planète comme celui-ci. Les récentes constatations illustrent bien la façon dont sont utilisées différentes mesures issues d’observations aériennes et satellitaires fournies par diverses agences spatiales. Ainsi, le Groupe des activités spatiales pour les régions polaires a entrepris de coordonner la collecte de données radar couvrant le Groenland et l’Antarctique, et des observations radar de l’Agence spatiale européenne (ESA) provenant des précédents satellites ERS et Envisat et de l’actuel Sentinel-1A ont alimenté la nouvelle étude.
Des scientifiques ont pu déterminer que le socle du Zachariae Isstrøm s’érode rapidement au contact des eaux plus chaudes de l’océan, auxquelles se mêle, en quantité toujours plus grande, l’eau de fonte provenant de la surface de l’inlandsis. (Le réchauffement de l’océan a probablement joué un rôle déterminant dans l’amorce du recul de ce glacier, mais nous avons besoin d’un plus grand nombre d’observations océanographiques dans ces zones sensibles du Groenland pour pouvoir faire des projections », souligne Jérémie Mouginot.
Considérant la nappe glaciaire du Groenland comme une (variable climatologique essentielle », l’Initiative sur le changement climatique de l’ESA agrège de vastes jeux de données pour permettre aux scientifiques de bien comprendre les changements à l’œuvre dans les régions sensibles et de prévoir leur incidence dans le reste du monde. A ces données s’ajoutent maintenant celles de la mission Sentinel-l, qui atteignent plusieurs téraoctets par jour.
Selon Mark Drinkwater, de l’ESA, « sans capacité de surveillance régulière, il n’est pas possible de fournir les données indispensables à l’Initiative sur le changement climatique de l’ESA, s’agissant d’évaluer l’impact des transformations rapides observées au Groenland sur le niveau de la mer. Il est clair que la combinaison des mesures radar de plusieurs agences et des observations faites par le satellite Sentinel-1A dans le cadre du programme Copernicus remplit aujourd’hui un rôle essentiel dans cette activité de surveillance. »
La version intégrale de cet article est disponible sur le site Web de l’ESA à l’adresse :
Source Météomonde – OMM , décembre 2015