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    Le brouillard

    medium_ScreenShot029.jpg Les semaines passées, les aéroports de Londres et de Charleroi ont été paralysés suite à la présence d’un brouillard très épais et tenace. De même, sa présence dans notre pays a été à l’origine d’accidents en chaîne. Mais qu’est-ce le brouillard ?
    La notion de brouillard s’applique chaque fois que la visibilité est inférieure à 1.000 m. Lorsque la visibilité est médiocre, comprise entre 1.000 m et 5000 m, on parle alors de brume. Généralement la diminution de la visibilité se produit lorsque l’air est saturé en vapeur d’eau. Mais des averses intenses de pluie ou de neige peuvent également réduire de façon très marquante la visibilité. C’est le refroidissement de l’air qui est à l’origine de la formation du brouillard. Plusieurs situations météorologiques peuvent conduire à cette réduction de visibilité.


    La première se produit souvent dans une situation anticyclonique lorsque les nuits sont claires. Le refroidissement nocturne par rayonnement est alors très intense. On a déjà vu que l’air froid ne peut contenir autant d’eau que l’air chaud. Lorsque l’air atteint le maximum de vapeur d’eau qu’il peut contenir, il y a condensation et formation d’eau liquide sous forme de fines gouttelettes. Au début, on observe des bancs de brouillard principalement près des zones humides comme des marais ou à proximité d’une nappe d’eau (étang, cours d’eau). Si le refroidissement se prolonge, on assiste alors à la généralisation du brouillard. Ce type de brouillard est dénommé brouillard de rayonnement.
    Une autre situation qui provoque des brouillards est l’arrivée d’une masse d’air humide et relativement chaude sur un sol très froid. Ce dernier refroidit la masse d’air et si la saturation de l’air en vapeur d’eau est atteinte, il y a formation de brouillard. On parle dans ce cas de brouillard d’advection. C’est une situation qui se produit le plus souvent en automne ou en hiver lorsque l’air vient d’un océan plus chaud que le continent. C’est le plus souvent dans une zone de basse pression que cela se produit. Dans une telle situation, on a généralement des brouillards denses. Ce sont les zones côtières qui sont le plus souvent sujettes à ces brouillards d’advection.
    Le relief peut également être à l’origine de la formation de brouillard. Lorsque le vent emmène de l’air relativement humide sur une pente, l’air en se soulevant se refroidit. Il s’agit d’un phénomène orographique. Ces brouillards sont appelés brouillards de détente.
    La statistique de la fréquence des brouillards est très dépendante de la densité du réseau d’observation météorologique et de la manière dont cette dernière est réalisée. Le graphique montre les fréquences mensuelles des brouillard observés entre 1972 et 1983 à Uccle. Le maximum hivernal correspond au maximum d’humidité relative de l’air observé durant cette même période. En été, malgré une variation diurne plus importante de la température, le refroidissement n’est cependant pas suffisant pour être à l’origine de brouillards fréquents.
    Les observations faites dans 10 stations synoptiques du pays montrent une variation saisonnière analogue à celle d’Uccle. À la côte (Coxyde), on observe en moyenne 44 jours de brouillard par an. À Zaventem, on en dénombre 31, à Uccle 41. En Campine, à Kleine Brogel, on compte en moyenne 70 jours de brouillard par an alors qu’il y en a 102 sur les hauteurs de Saint Hubert et seulement 29 à Virton.
    Ces différences importantes doivent être attribuées à la nature du sol et à son relief. En Campine par exemple, le sol sablonneux se refroidit rapidement et favorise le brouillard de rayonnement. À Saint Hubert, le facteur dominant est l’altitude qui favorise le refroidissement de la masse d’air et engendre des brouillards de pente. Enfin à Virton, on observe l’effet inverse lié au fait que les masses d’air descendent sur le versant sud du massif ardennais. Celle-ci provoque un assèchement de l’air et donc un faible fréquence de brouillard en Lorraine Belge. C’est ce même phénomène qui est à l’origine de la continentalisation du climat de cette région.
    L’activité humaine ainsi que certains phénomènes naturels comme une éruption volcanique peuvent également provoquer (localement) des brouillards. En effet, de petites particules rejetées dans l’atmosphère peuvent jouer le rôle de noyau de condensation et ainsi favoriser une augmentation de gouttelettes d’eau dans les basses couches de l’atmosphère. C’est le cas notamment dans la région de Namur où le viaduc de Beez est souvent dans le brouillard. Outre les inversions de températures dues au fait qu’il fait plus froid dans le fond de la vallée et qui favorisent la formation d’un nuage du type stratus au niveau de l’inversion, la présence de carrières et d’industries dans la région namuroise augmente le risque de formation de brouillard.
    Souvent on accuse le brouillard d’être la cause d’accidents en chaîne. Le brouillard, n’étant que de la vapeur d’eau ou des gouttelettes en grande quantité, n’a aucune force et ne peut dès lors provoquer des accidents. C’est dans la conduite irresponsable de nombreux conducteurs qu’il faut rechercher la vraie cause de ces drames.
    – Marc Vandiepenbeeck