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    Les inondations : Les facteurs aggravants (4)

    Modifications de l’environnement

    Les modifications de l’environnement sont nombreuses et la plupart du temps ne tiennent pas compte de la nature. Ces changements sont souvent des facteurs aggravant les inondations.

    Le premier cas est la modification du cours d’eau. Cela peut se faire de plusieurs façons :

    §         On canalise une rivière. Cela provoque une diminution des inondations là où le travail a été réalisé, mais l’eau s’écoule plus vite vers l’aval ce qui peut provoquer des débordements plus importants et/ou plus fréquents lorsque le cours d’eau reprend son cadre naturel.

    §         Dans le même ordre d’idée, une modification de son trajet peut avoir les mêmes conséquences. Ainsi si l’on redresse un méandre, l’eau qui était freinée par les virages successifs de la rivière va s’écouler plus rapidement vers l’aval. Ce fut la principale cause de la crue de la Borne qui a dévasté le camping du Grand- Bornand en Haute-Savoie où on dénombra 23 morts le 14 juillet 1987.

    Une autre cause d’aggravation des inondations est la suppression des haies. Dans les bocages, on supprime les haies pour augmenter les surfaces cultivables et permettre une manœuvre plus aisée des engins agricoles. Les haies ont une fonction de ralentissement de l’écoulement de l’eau ce qui permet en même temps une infiltration de l’eau dans le sol via les racines des plantes qui composent la haie.

    La suppression d’arbres et surtout de grandes surfaces boisées peuvent conduire également à une augmentation de la fréquence des crues. Cet effet sera surtout important en été. En effet, durant la période de végétation active, les arbres sont couverts de feuilles. Les premières gouttes de pluie abordent le sommet de la canopée. Elles commencent par mouiller les feuilles qui la composent, puis, elles se mettent à ruisseler vers les feuilles situées en dessous de la canopée. Une fois ces feuilles mouillées, l’eau ruisselle vers les feuilles suivantes et ainsi de suite jusqu’au sol. Deux effets se sont produits : d’abord le mouillage qui va monopoliser une bonne partie de l’eau qui arrive sur le feuillage, et ensuite, la vitesse des gouttes d’eau qui est fortement diminuée lorsque ces gouttes arrivent au sol. Dans une espace non boisé et surtout sur un sol nu, les gouttes arrivent au sol avec une certaine vitesse qui dépend de la taille des gouttes. En percutant ainsi le sol, les gouttes d’eau le tassent et le rendent moins perméable à l’infiltration d’eau dans le sol ce qui va favoriser un écoulement rapide vers le cours d’eau.

    Question de temps

    Le printemps n’est pas arrivé, il est déjà là

    Avec une « amélioration » du temps, on entend dire que le printemps est arrivé ! Mais voilà, météorologiquement parlant, on est déjà au printemps depuis le premier mars et du point de vue astronomique, nous y sommes depuis le 20 mars.

    Alors pourquoi dit-on que le printemps est arrivé ? Dans l’esprit des gens, le « printemps » correspond à un type de temps bien précis. Or au cours du printemps, saison de transition entre l’hiver et l’été, nous pouvons connaître quasiment toutes les conditions météorologiques possibles. L’épisode neigeux que l’on a vécu au cours de la dernière décade de mars n’a rien de particulier. On peut même encore observer des chutes de neige dans toutes les régions du pays en mai voire même de la neige au sol en Ardenne comme les 11 cm de neige notés le 14 mai 1902 à La Roche en Ardenne ou plus près de nous 12 cm à Mont Rigi le 3 mai 1979.

    Des extrêmes opposés peuvent être enregistrés au cours des mêmes périodes calendrier. Ainsi le 4 mars 1987, on notait –16,2°C à Bütgenbach alors que le 5 mars 1948, la température atteignait 21,4°C à Rochefort. Il en est de même plus tard dans la saison : le 9 mai 1938, on relevait –1,4°C à Ostende alors qu’au cours des Saints de Glace 1998, on connaissait une vague de chaleur[1] très précoce.

    Si tout le mois d’avril 2007 n’a pas vu une seule goutte d’eau à Uccle, en revanche pendant la dernière décade de mars 1986 ou la première décade de mai 1978, le total de l’eau recueillie atteignait presque 100 mm.

    De même si le Soleil peut briller de tous ses feux comme en 1893 où le total des heures d’insolation a été de 643,0 h, en 1983, ce même total atteignait difficilement 273,1 h.

    On constate que le « printemps » n’est pas un type de temps mais peut connaître aussi bien des conditions hivernales qu’estivales. On devrait plutôt dire à propos des conditions que nous allons connaître les prochains jours que l’été a envie de montrer le bout de son nez.



    [1] Une vague de chaleur correspond à une période d’au minimum 5 jours consécutifs avec des maxima supérieurs ou égal à 25°C et au cours de laquelle on égale ou dépasse 30°C au moins 3 fois.

    Extraordinaires média !

    De la neige en avril

    f63b3da1a0f9a259ad259088537934a9.jpgVoilà qu’il neige en avril dans les Fagnes ! Quand j’écoutais les informations hier, on présentait cela comme si c’était extraordinaire. Et bien entendu la ritournelle habituelle sortait : « Il n’y a plus de saison ! » (voir l’article dans La Libre : http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=414872 ou le journal de RTL : http://rtlinfo.alinfini.be/index.php?option=com_vpl_videoplayer&task=play&mmo=31035 ).

    Lorsqu’on a fait un bilan non exhaustif des événements marquants du 20ème siècle (http://www.meteo.be/meteo/view/fr/1078912-Evenements+marquants+depuis+1901.html), on dénombre au moins 103 cas de chutes de neige ou de neige au sol en Belgique en avril, mai ou même en juin. Je ne peux citer toutes les années où cela s’est produit. Citons cependant 1999 : cette année-là, on notait une épaisseur de neige de 15 cm au signal de Botrange et 18 cm à Saint-Hubert. Ce n’était qu’il y a 9 ans !

    La couche de neige la plus remarquable fut celle du 5 avril 1975 : la couche de neige a été épaisse de 55 cm à Botrange. On signalait que cette année 1975, l’hiver  avait été pauvre en neige. Un peu comme cette année. Le 3 mai 1979, on observait des chutes de neige sur tout le pays et la couche de neige a atteint 12 cm à Mont-Rigi près du signal de Botrange. On observe encore des chutes de neige en juin en Ardenne, la dernière fois ce fut le 4 juin 1991.

    Une étude réalisée par R. Sneyers en 1967 (Les propriétés statistiques de l’enneigement du sol en Belgique) montrait qu’à 700 m d’altitude, la date moyenne du denier enneigement était le 2 avril et que l’on pouvait encore considérer comme normal de la neige au sol le 14 avril. Ce fut le cas hier !

    Les inondations : Les facteurs aggravants (3)

    Construction dans le lit majeur des cours d’eau

    Une des raisons les plus évidentes d’inondations réside dans la construction dans le lit majeur d’une rivière. Et pourtant cette pratique est extrêmement fréquemment réalisée. D’une manière générale, la construction dans des régions inondables se fait depuis longtemps. L’exemple de Lutèce, dont les premiers habitats se trouvaient sur l’île comme évoqué dans le « PLAN DE SECOURS SPECIALISE INONDATIONS ZONAL, Description du risque crues – TOME 1» : « De mémoire d’homme les crues ont toujours fait partie de l’histoire de Lutèce puis de celle de Paris ».

    Cette tradition de bâtir le long des cours d’eau est très ancienne car les cours d’eau étaient des voies de circulation très pratiques. Outre le transport, les rivières permettaient de s’alimenter en eau et en nourriture.

     

    Certaines inondations étaient attendues comme une bénédiction du ciel ! Les crues du Nil, en recouvrant les champs d’un limon noir, venaient enrichir le sol. Lorsque les crues étaient faibles, le sol n’était pas régénéré et les rendements agricoles mauvais, ce qui signifiait une famine. Dans l’Égypte ancienne, cette région inondable n’était réservée qu’à l’agriculture et non à l’habitat.

    Mars 2008 : un record de pluie

    Onze mois après le fameux mois d’avril 2007 au cours duquel aucune goutte de pluie n’a été observée à Uccle, mars 2008 bat un record diamétralement opposé : celui du mois de mars le plus pluvieux. Avec 140,5 mm, il dépasse le précédent record  qui datait de 1988 avec 138,1 mm.

    Deux questions viennent à l’esprit :

    • Quel est la cause de ce record (avec en sous-entendu une allusion au changement de climat) ?
    • Quelles sont les conséquences d’un mois aussi pluvieux ?

    À la première, la réponse se trouve dans la manière dont les masses d’air ont évolué sur notre pays. La plus grande partie du mois a été dominée par une circulation de dépression au nord de notre pays. Quand la masse d’air avait une provenance plus septentrionale elle était accompagnée de pluie ou de neige. Cette situation, que nous connaissons régulièrement dans notre pays et qui n’a rien de particulier, est l’origine de longs épisodes pluvieux et de mois records comme celui-ci. Une liste de ces épisodes serait facétieuse et certes trop longue pour être énumérée. Retenons les mois de décembre 1993 ou de janvier 1995 ou encore entre le 21 juin et le 20 juillet 1980, périodes au cours desquelles on a eu une quantité d’eau de plus de 243 mm en 30 jours à Uccle. Ce genre de situation est lié à la circulation générale et on ne peut y voir la marque du changement de climat.

     

    La seconde question n’est pas de mon ressort. Je peux cependant dire qu’une telle situation n’est pas à 100% négative. Au cours d’un tel mois, la recharge des nappes phréatiques est bonne, les sols ont besoin d’eau qui sera utile lors du plein développement de la végétation. Néanmoins les sols et les rivières sont saturés d’eau et si d’aventure les pluies devaient se poursuivre, le risque d’inondation deviendrait grand.

     

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    Normales saisonnière : Avril

    Normales saisonnières : AVRIL

     

    Températures maximales 

    decade

    Borne
    inférieure

    Moyenne

    Borne
    supérieure

    1

    8

    12

    16

    2

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    14

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    3

    10

    15

    19

     

    Températures minimales 

    decade

    Borne
    inférieure

    Moyenne

    Borne
    supérieure

    1

    1

    4

    7

    2

    2

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    8

    3

    3

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    9

    Les inondations : Les facteurs aggravants (2)

    Ruissellement

    Le ruissellement dépend de plusieurs facteurs. Les deux plus importants sont la pente du versant et la couverture du sol.

    Du premier va dépendre la vitesse d’écoulement. Plus la pente sera raide, plus la vitesse de l’eau sera importante. La force érosive en sera aussi plus grande si le versant est très pentu. La nature du sol va jouer dans l’autre sens, à savoir qu’au plus il y aura des obstacles, au plus l’écoulement sera freiné par ces derniers. Si l’on considère une végétation réduite ou nulle, en descendant rapidement les flancs de coteaux, l’eau va éroder le sol d’autant plus fort que la végétation est peu importante. Il en résulte des arrivées d’eaux boueuses qui peuvent envahir les égouts et obstruer rapidement ceux-ci aggravant ainsi le débordement de la rivière.

    En dévalant une pente, l’eau peut arracher des objets du sol et les entraîner vers la rivière.

    Si la quantité de matière est importante, elle peut se bloquer dans des goulots d’étranglement de la rivière et provoquer la formation d’un barrage temporaire. La quantité d’eau qui s’accumule derrière cet obstacle peut devenir suffisante pour provoquer la rupture de ce barrage. Une lame plus ou moins violente va déferler vers l’aval et tout emporter sur son passage.

    Lorsque l’on vient de faire la moisson, des fétus de pailles peuvent rester sur le terrain. Une averse violente peut entraîner cette matière. Les déchets qui sont emportés par l’eau peuvent s’accumuler au bas de la vallée et former barrage temporaire dans le cours d’eau. L’importance de ce dernier dépend entre autre de la violence de l’averse, de la pente des versants du moment dans l’année où l’averse se produit et de la présence de déchets sur le terrain- En été, la végétation va réduire la vitesse d’écoulement et de ce fait moins de matière sera arrachée du sol. Par contre la manière de labourer un champ peut également aggraver les dégâts des eaux.

    Et pour mon 100ème billet : De la neige à Pâques ?

    De la neige à Pâques ?

    Les prévisions actuelles font état d’une possibilité de chute de neige pour le jour de Pâques.  Comme Pâques est une fête mobile, elle peut se produire entre le 22 mars et le 25 avril. En effet, Pâques est célébrée le dimanche après le 14e jour du premier mois lunaire du printemps, donc le dimanche après la première pleine lune advenant pendant ou après l’équinoxe de printemps.  On n’a pas une probabilité plus grande d’avoir des chutes de neige quand Pâques tombe tôt. On ne peut donc établir une statistique concernant la neige à Pâques.

    Néanmoins les observations nous montrent qu’il y a eu de la neige au sol une seule fois : en 1951 : 1 cm de neige (25 mars). En se limitant aux chutes de neige sans enneigement, on a relevé des chutes de neige à Uccle aux dates suivantes de Pâques outre le 25 mars 1951 : le 30 mars 1970 et le 11 avril 1982. À ces deux dates, c’était de la pluie et de la neige.

    §         On a également observé de la neige autour de la date de Pâques en :

    §         1908 (19 avril) : traces de neige le lundi de Pâques

    §         1917 (8 avril): traces de neiges le samedi saint et le lundi de Pâques

    §         1919 (20 avril): traces de neiges le vendredi saint

    §         1937 (28 mars): 2 cm le vendredi et 4 cm le samedi saint

    §         1975 (30 mars): 6 cm le vendredi saint

    §         1977 (10 avril): traces de neige le samedi saint

    C’est bien entendu Pâques 1982 qui est la date la plus remarquable pour avoir de la neige, cette date étant la plus tardive. Pour information, la date de dernière neige la plus tardive a été le 14 mai 1902. Plus récemment, on a encore eu de la neige à Uccle en mai 1986 avec 4 jours où les précipitations étaient en tout ou en partie de neige.

    Les inondations : Les facteurs aggravants (1)

    La neige

    La neige accumulée au cours des périodes hivernales peut fondre avec le rayonnement solaire ou s’éliminer par sublimation, mais ce sont des quantités minimes qui s’éliminent ainsi de la couche de neige. Elle fond généralement au cours des redoux avec de la pluie. Cette fonte peut être rapide et s’ajoute aux quantités d’eau provenant des pluies. En général, on peut considérer qu’un centimètre de neige fraîche est équivalent à un millimètre d’eau de pluie. Dans les cas  de la fonte d’une couche de neige épaisse et de pluies abondantes, l’addition des deux peut provoquer une inondation.

    Ce fut le cas en mars 1988 en Ardenne. Au début du mois, d’importantes chutes de neige se sont produites sur notre pays et la couche de neige a atteint 1,05 m à Botrange. Entre le 10 et le 16,  d’importantes pluies ont totalisé sur cette courte période plus de 100 mm. Au cours de cette même période, la fonte de la neige a amené une quantité équivalente d’eau qui, en descendant vers les cours d’eau, a contribué au débordement des rivières ardennaises.

    La tempête Emma

    La nuit du 29 février au premier mars 2008, une tempête assez violente a traversé l’Europe. Si elle a fait 8, 9 ou 13 morts selon les sources, par chance, elle n’a fait aucune victime mortelle en Belgique. Les dégâts matériels sont par contre importants dans notre pays.Le 29, la dépression située au sud de l’Islande se creuse et la pression en son centre atteint 969 hPa. Elle s’est rapidement déplacée vers l’Est et la pression perdait encore 10 hPa. Le centre était alors situé au nord de l’Écosse. À minuit (TU), la partie la plus venteuse se trouvait sur la Grande-Bretagne. Le front chaud traversait notre pays alors que le front froid atteignait notre littoral. Ce front, très actif, a rapidement traversé l’Europe, provocant des dégâts matériels très importants en Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, le nord de la France, l’Allemagne, la Tchéquie, l’Autriche. En Allemagne, elle a provoqué « des dizaines de millions d’euros de dégâts », selon les autorités.

    Les rafales de vent ont atteint 110 km/h en Belgique. Mais il a soufflé par bourrasques jusqu’à 220 km/h sur le mont Wendelstein, dans les Alpes bavaroises, jusqu’à 190 km/h dans les Alpes autrichiennes, et jusqu’à 140 km/h en République tchèque. Ces rafales ont été responsables de coupures de courant et des milliers de foyers ont été privés d’électricité aux Pays-Bas et en Allemagne. Il y a eu de nombreuses chutes d’arbres. Le plus spectaculaire fut l’arbre qui s’abattit sur un ICE en Allemagne.

    De telles tempêtes se produisent régulièrement durant la saison hivernale. L’année passée Kyrill a fait 47 morts en Europe. Mais c’est en 1990, que le nombre de tempêtes de ce type a été particulièrement élevé.

    L’image Radar de Wideumont de 4 h 05 TU (5 h 05 local) montre la position du front froid, alors que sur le sud de la Belgique, le front chaud s’apprête à quitter nos provinces.