Le deuxième mois d’avril le plus chaud depuis 1833
Ce mois d’avril va plus que probablement se situer en deuxième position des mois d’avril les plus chauds dans une série qui débute en 1833 à Bruxelles-Uccle. La température moyenne à ce jour (27/04/2011) est de 14,1°C et ne bougera plus beaucoup. Celle du mois d’avril 2007 était de 14,3°C. Les extrêmes moyens sont actuellement de 19 ,7°C et 8,4°C ; les normales (1981-2010) sont respectivement de 13,1°C et 5,0°C. En 2007, on avait comme valeurs correspondantes 20,5°C et 8,4°C. Si le minimum de cette année ne change pas, cette valeur partagera la première place avec 2007.
L’insolation est proche de 213 h de Soleil. Cette valeur, déjà anormalement élevée, ne dépassera pas la valeur la plus élevée notée à Uccle depuis 1887 et relevée en 2007 avec 301 h.
En avril 2007, mois de tous les records, les pluies avaient été nulles. Cette année, on a déjà enregistré 20,3 mm en 8 jours de pluie. Des précipitations sont prévues aujourd’hui et/ou demain. Ce qui fait que ce total, actuellement très anormalement déficitaire, pourrait se placer dans la fourchette des valeurs normales.
C’est une prédominance de situations anticycloniques sur l’Europe qui est à l’origine du temps chaud, sec et ensoleillé que nous avons connu ce mois et qui le rend comparable à un mois de mai.
Si cette situation fut agréable aux vacanciers, le revers de la médaille est la sécheresse qui pose des problèmes au niveau de la croissance de la végétation et qui fut la cause d’un grave incendie dans les Hautes Fagnes.
Photo : Lalibre
Quand on dit n’importe quoi à l’agence Belga
Grâce à mon « collègue » David Dehenauw, on compare dans la presse Pâques qui tombe un 17 avril avec Pâques qui tombe le 24 avril ! Il améliore les choses avec une comparaison de ce qui se passe à Uccle avec ce que l’on observe à Kleine Brogel.
Voici ce qui est paru dans un communiqué Belga :
Le week-end pascal le plus chaud depuis 1949
En 1949, le mercure avait atteint les 28°C
« En ce qui concerne le centre du pays, il s’agit du jour de Pâques le plus chaud depuis au moins 100 ans », analyse le météorologue Eddy De Mey. « Mais vu que Pâques est un jour de fête dont la date varie tous les ans, les comparaisons ne sont pas correctes. Il y a trois ans, il neigeait. Pâques tombait alors en mars et ce jour-là, il y avait 40 cm de neige en Ardenne. »
La Campine a été dimanche, pour le troisième jour d’affilée, la région la plus chaude d’Europe. Sur la base aérienne de Kleine Brogel, dans le Limbourg, on a enregistré 27,8ºC, après des températures de 29,5ºC samedi et 28,6ºC vendredi. La journée de jeudi, avec ses 27,8º, avait déjà occupé la deuxième place sur le podium européen.
Dimanche, cinq points officiels de mesure en Belgique figurent dans le top-15 européen.
Ou selon les médias qui diffudent le communiqué :
Le record du week-end de Pâques le plus chaud n’a pas été battu en Belgique. « En 1949, nous avions enregistré plus de 28°C à Pâques », confirme David Dehenauw de l’IRM. « Aujourd’hui/dimanche, la température n’était que de 23,8°C à Uccle. »
La plus haute température a été enregistrée dimanche à Kleine Brogel, dans le Limbourg, où le mercure a grimpé jusqu’à 28,5°C. KWO/VAD/
Comment un scientifique peut-il faire une telle comparaison ? On ne peut comparer le temps de deux dates différentes même si ces deux dates s’appellent Pâques, fête mobile dans le calendrier chrétien. Ne perdons pas de vue que Pâques peut tomber entre le 22 mars et le 25 avril.
Autant comparer Charles Rogier (premier ministre de 1847 à 1852) avec Yves Leterme premier ministre du 20 mars au 30 décembre 2008 et du 25 novembre 2008 – ???). Mais bon ce sont de premiers ministres !
Si Belga se permet de telles assertions en climatologie (David Dehenauw n’est pas climatologue mais prévisionniste à l’IRM), que penser des assertions dans les autres domaines de l’actualité. Peuvent-ils impunément dire n’importe quoi ?
Les valeurs ne sont en outre pas correctes le 17 avril 1949, le maximum observé à Uccle était de 27,7°C. Ce 24 avril, le maximum enregistré à Uccle était de 25,6 °C.
Deuxième décade d’avril 2011
Deuxième décade
Tout en restant douce, ensoleillée et sèche, les valeurs de la deuxième décade reviennent vers la norme.
Du 11 au 18, le temps de nos régions fut déterminé par des courants secs associés à des anticyclones centrés, au début, sur l’Atlantique à l’ouest de la France, puis se déplaçant progressivement vers l’Allemagne. Du 19 au 20, ces courants prirent un caractère tropical, sous l’influence d’un anticyclone s’étendant de la Scandinavie aux Balkans.
La température moyenne fut anormalement élevée, avec 12,4°C (norm. : 9,3°C). Les valeurs du total des précipitations et de la durée d’ensoleillement furent normales, avec respectivement 3,9 mm (norm. : 18,1 mm) et 73,4 h (norm. : 50,9 h).
Après une décade très ensoleillée en mars une première décade d’avril chaude
Première décade
Du 1 au 2, notre pays a été sous l’influence de courants maritimes associés à un anticyclone en évolution depuis la France vers l’Europe de l’Est. Du 3 au 5, notre temps a été déterminé par des courants maritimes associés à une vaste dépression sur l’océan Atlantique. Du 6 au 7, un anticyclone s’étendant depuis la France jusqu’en Pologne a ramené des courants plus secs. Du 8 au 10, le déplacement de l’anticyclone vers les Îles Britanniques puis vers la mer du Nord, a rendu ces courants polaires puis continentaux.
La température moyenne à Uccle est très exceptionnellement élevée avec une valeur de 13,4°C (norm. : 8,6). Cette valeur est la deuxième la plus élevée depuis 1901, le record date de 1974 avec 13,7°C. L’insolation est anormalement excédentaire : on a enregistré 73,1 h de Soleil (norm. : 48,7 h). Le total des précipitations est normal avec 7,3 mm (norm. : 16,0 mm).
Une décade exeptionnellement ensoleillée
Troisième décade de mars 2011
Du 21 au 29, les courants maritimes, qui ont déterminé notre temps, sont associés à un anticyclone s’étendant depuis l’océan Atlantique vers l’Angleterre puis l’Europe de l’Est en fin de période. Du 30 au 31, une dépression a remplacé l’anticyclone à l’ouest de la Grande Bretagne, déterminant sur notre pays un temps pluvieux.
La présence de l’anticyclone au voisinage de nos régions a permis un ensoleillement très exceptionnel avec 94,7 h (norm. : 43,1 h). Cette valeur détrône le record enregistré en 2003 entre 1951 et actuellement et qui était de 91,1 h de Soleil. La température moyenne a été anormalement élevée avec 10,2°C (norm. : 7,9). La valeur du total des précipitations fut normale avec13,4 mm (norm. : 28,7 mm).
Le cœur de l’Europe sans nuage
Cette image prise par Envisat nous fait découvrir une vaste portion de l’Europe – du Danemark à l’Italie et du Benelux à la Pologne – quasiment dépourvue de nuages. Les Alpes, avec la blancheur de leurs massifs enneigés, contrastent avec les régions avoisinantes, recouvertes d’une végétation brunie par l’hiver.
Etendue sur une zone d’environ 200 000 km2, la grande chaine de montagne du sud de l’Europe s’étire sur quelque 1 200 km depuis la côte méditerranée et marque la frontière entre l’Italie (en bas) et la France (à gauche), puis la Suisse (à l’est de la France) et enfin l’Autriche (à l’est de la Suisse).
Elle se transforme ensuite en la chaine des Alpes Dinariques qui se poursuit à travers la Slovénie (au sud de l’Autriche), la Croatie (en bas à droite), la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, le Kosovo et la Serbie avant de mourir en Albanie, en Macédoine et dans le nord de la Grèce.
Plusieurs grands lacs d’un bleu sombre se détachent clairement. Le lac Léman, en forme de croissant au nord des Alpes, est le plus grand des lacs alpins. Sa rive nord se trouve en Suisse tandis eu sa rive sud est bordée par la France.
Avec une superficie de 218 km2, le lac de Neuchâtel (au dessus du Léman) est le plus grand lac intégralement compris à l’intérieur des frontières helvétiques. Le lac de Constance (au nord-est du lac de Neuchâtel) se situe aux confins des territoires suisses, allemands et autrichiens. Le plus grand lac d’Italie, et le 3e d’Europe centrale, est le lac de Garde, qui apparaît ici au pied des Alpes.
Source : ESA
L’arrêt hypothétique du Gulf Stream
Comme tous les phénomènes géologiques, le Gulf Stream subit des variations. Cet été, on pouvait observer une anomalie positive de la température de l’océan Atlantique, c’est-à-dire une température plus élevée que la normale. Au cours de cet hiver, comme au cours du précédent, on a observé une anomalie négative au niveau du Gulf Stream. Cela fait partie de la variabilité du phénomène tout comme on a une variabilité dans les paramètres climatologiques. L’anomalie négative se situe principalement au niveau des Caraïbes, de l’océan Atlantique au large de la France et de la mer du Nord (voir l’image sur le site de la NOAA : http://www.osdpd.noaa.gov/data/sst/anomaly/2010/anomnight.12.30.2010.gif ). On peut voir aussi qu’il y a une anomalie très positive au sud du Groenland qui a connu au mois de décembre des températures très clémentes.
Ce n’est pas la première fois que cela se produit. En 1996, nous avions en janvier une situation analogue, ce qui n’a pas empêché d’avoir ensuite des anomalies positives. Cela peut faire partie de cycles océaniques à long terme. Les mesures sont malheureusement trop récentes que pour mettre en évidence de tels cycles qui portent sur plusieurs décennies. Les anomalies de la température des océans peuvent être consultées sur le site : http://www.osdpd.noaa.gov/ml/ocean/sst/anomaly.html.
Pour le moment c’est la Niña qui sévit dans le Pacifique, cela ne signifie pas que El Niño n’apparaîtra plus. En climatologie tout comme en océanographie, une situation passagère ne signifie pas une situation persistante.
Quant à l’impact de la pollution suite à la catastrophe du golf du Mexique, on ne peut également pas en déduire que la situation actuelle est corrélée à cet événement. Des anomalies analogues des températures des océans se sont produites avant l’accident. La question serait plutôt de savoir si cette catastrophe a accentué (ou non) l’anomalie actuelle.
Anomalie de la température de l’eau océanique de surface au 30/12/2010
Source NOAA
Dans l’état de nos connaissances actuelles, l’arrêt du Gulf Stream lié à une fonte massive des glaciers groenlandais et ses conséquences climatiques sur le climat de l’Europe occidental constituent une hypothèse. Plusieurs modèles ne montrent pas de diminution ou d’arrêt du Gulf Stream avant la fin du 21ème siècle. D’ici là, les connaissances aussi bien en climatologie qu’en océanographie auront fait des progrès et les modèles pourront être affinés.
L’hiver 2009-2010 et ce début d’hiver frais sont la conséquence de l’installation d’un anticyclone relativement persistant sur l’océan Atlantique entre l’Amérique du Nord et l’Europe déterminant des courants maritimes d’origine polaire sur nos régions. Cela conduit à un Index Nord Atlantique (NAO) négatif.
Je pense que ce que nous vivons à l’heure actuelle sont des situations temporaires et que l’on devrait retrouver des hivers plus normaux voire plus chauds dans l’avenir comme cela avait été le cas après les autres hivers rigoureux que l’on a connus dans le passé (…, 1956, 1963, 1979, 1985, 1986, 1987, 1996, …).
Autres références :
http://www.come4news.com/dans-100-ans,-lenfer-des-glaces-104176
http://la.climatologie.free.fr/amo/amo.htm
http://www.cpc.noaa.gov/products/precip/CWlink/pna/nao.shtml
Mais où sont les neiges d’antan ?
Je vous souhaite un joyeux Noël et une très bonne année 2011
Ce mois de décembre est particulièrement neigeux, tellement neigeux que le nombre de jours où les précipitations sont en tout ou en partie de neige a atteint le chiffre 18 ce 23 décembre 2010.
Cette valeur dépasse les 15 jours de chutes de neige observées en 1950. C’est un record assez remarquable compte tenu du réchauffement climatique que l’on observe en Belgique. Mais la moyenne 1901-1987 est de 4,3 jours de neige et cette moyenne est descendue à 4.1 jours entre 1988 et 2010. Cette différence n’est pas significative et l’on peut considérer que l’évolution temporelle des nombres de jours de neige est stable. Cette valeur a une grande variabilité et oscille de 0 à 18 jours (à ce jour).
Depuis 1901, le nombre de mois où il n’y a eu aucun jour de neige à Uccle est de 13 en décembre. Ce nombre est de 9 pour janvier et 14 pour février. Pour les trois mois d’hiver, il y a eu deux années avec 1 jour de neige (1990 et 2008). Même l’hiver ne répond pas (encore) au réchauffement climatique. On devra donc s’attendre à garder des périodes de neige, même si elles auront sans doute tendance à devenir plus rares.
Orage et neige
Un phénomène relativement rare a été observé hier le 16 décembre 2010 : des orages accompagnés de neige se sont produits dans la région namuroise. J’en ai déjà observé personnellement. Mais ces événements semblent curieux car on associe orage avec chaleur et donc l’association d’orage avec de la neige semble impossible pour certains.
Et pourtant, les orages en hiver sont relativement nombreux et depuis que l’IRM dispose du système SAFIR qui détecte les éclairs et détermine leur position avec une relativement grande précision, on en observe plus qu’avant. Actuellement, le nombre moyen d’orages observés au cours des mois d’hiver (décembre, janvier et février) est de 7. En 1990, on a même observé 18 jours d’orages.
Les orages de neige arrivent en présence d’une masse d’air polaire et se produisent au niveau du front froid. C’est exactement ce qui s’est passé ce 16 décembre lorsqu’un front froid a traversé la Belgique (voir graphique)
On voit clairement le passage du front vers 18 h 30 à Uccle (temps local, 5 :30 pm temps universel). Des éclairs ont été observés avec SAFIR vers 19 h 15 et 19 h 50 dans la région Namuroise. Les orages sont quasiment toujours des orages associés à un front froid en hiver.
Carte SAFIR du 16/12/2010 (source IRM)
Lorsqu’une masse d’air froid pousse de l’air chaud, on observe un soulèvement rapide de l’air chaud car cet air est plus léger que l’air froid. Ce mouvement permet le développement d’un cumulonimbus. Ce qui est important c’est, entre autre, la différence de température entre les deux masses d’air. En été, cela peut donner des orages très violents comme celui qui a traversé la Belgique le 14 juillet de cette année. En hiver, ils sont généralement peu actifs et très localisés car l’énergie disponible est moins grande par temps froid.
L’événement est rare car les deux phénomènes indépendamment l’un de l’autre sont rares. Leur combinaison est donc d’autant plus rare. Fin janvier 2004, un phénomène d’orage accompagné de neige s’était déjà produit. Depuis le début du siècle, ce phénomène a été observé à plusieurs reprises dans le pays : 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 et 2006 pour un total de 10 jours où cette situation a été constatée. Ce n’est donc pas un phénomène si rare que cela en Belgique, mais vu que c’est très localisé, c’est assez rare ponctuellement.
Les deux premières décades de décembre
La température moyenne à Uccle des deux premières décades de décembre est exceptionnellement basse. Cette valeur s’élève à -0,9°C et prend la quatrième position des débuts d’hiver météorologique les plus froids et elle partage cette place avec 1969, série qui débute en 1901.
Le record date de 1933 avec une température moyenne de -4,2°C. Viennent ensuite les années 1927 et 1963 avec respectivement -1,8°C et -1,0°C.
Les valeurs du total des précipitations et de la durée d’ensoleillement sont normales avec respectivement 57,8 mm (norm. : 51,3 mm) et 28,8 h de Soleil (norm. : 31,1 h).
Le nombre de jours de chute de neige est également exceptionnel avec un total de 15 jours. Cette valeur égale le record du mois entier qui a été enregistré à Uccle en 1950. Ce record sera sans doute dépassé selon les prévisions disponibles actuellement.
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